Sur la viande:
Je supporte la réduction de consommation de viande à l’échelle planétaire. À défaut d’éviter la viande complètement, le flexitarisme aide quand même la planète sans avoir une discipline exemplaire. Toute réduction de consommation est importante donc on doit faire ce que l’on peut et continuer dans ce sens. Pour cette série, dans son format improvisé, c’était logique d’ajouter une viande dans la poutine comme on fait nous-même avec le smoked-meat ou la poutine galvaude. La viande a une place importante pour la subsistance dans beaucoup de pays. Rechercher sur ce qu’un peuple mange et préfère comme viande ou substituts en dit long sur l’agriculture, le territoire, l’histoire, les traditions. Bref, avec 20 poutines sur 21 avec de la viande, la série y met de l’importance qui, dans ma vie personnelle, n’est pas aussi marquée.
Sur l’appropriation culturelle:
Tout le concept de cette série repose sur l’échange culturel, sous la comédie. Il est évident que l’interdiction de cet échange culturel et cette fusion de recettes ferait que cette série ne pourrait pas exister; une poutine ne pourrait pas être produite avec des ingrédients de recettes emblématiques régionales des pays visités. Du même coup, la poutine est plus qu’un simple met au Québec, elle est élevée au rang de symbole et est aussi une recette emblématique régionale. De la voir dans un menu de restaurant à l’étranger, sous une forme incomplète, avec n’importe quel fromage et/ou décrite comme un met traditionnel Canadien peut ennuyer, même faire rager certains. Je n’ai pas le choix de plaider pour le relâchement de l’idée de la pureté de ces recettes; les poutines ici seront bâtardes et les recettes locales seront sabotées pour donner d’étranges poutines et ultimement en faire connaître plus sur le pays visité. Je vois cette série comme l’ouverture, au lieu de la fermeture.
Il faut savoir aussi que je me présente comme un personnage dans cette série. Capturé en vidéo, ce n’est pas moi, Olivier, qui voyage, qui ignore les décors à faire rêver et qui obsède sur trouver des poutines à des endroits où il ne devrait pas y en avoir. Je fais un clin d’oeil aux touristes qui vont à l’étranger et qui tentent immédiatement de retrouver et reproduire exactement ce qu’ils ont à la maison. C’est un très mauvais réflexe mais c’est souvent causé par un inconfort et la perte de ses balises. J’ai eu envie de pizza et de burgers de temps en temps sur le chemin mais rien comme il est présenté dans la série. En fait, un partenaire de voyage qui cherche constamment des pizzas, burgers ou poutines serait infiniment décevant.
Ayant passé 1 an en mouvement et au moins 1 mois par pays il y a eu beaucoup de conversations avec des gens tout horizons. À certains endroits, comme au Myanmar, la complicité était telle que, oui, j’ai choisi de porter un longyi basé sur toute l’information et l'encouragement que j’avais accumulé sur place. Sur place, porter un longyi que tout le monde portait était beaucoup mieux que lever le nez dessus. En plus c’était obligatoire dans certains temples. C’est assez ridicule de porter un longyi par dessus un pantalon, aussi bien apprendre à le nouer et le porter comme il faut.
Sur la prononciation:
Basé sur ma propre expérience au Québec, j’apprécie quand un touriste essaye de parler en Français. C’est un signe d’ouverture même si ça tourne souvent au malaise cocasse et que c’est éphémère parce que la conversation ne peut pas durer sans se comprendre. J’apprécie aussi les Français, de France, qui adoptent des mots purement Québécois dans leur vocabulaire. De mon côté en Australie j’ai naturellement adopté les expressions Aussies, que je beurre allègrement dans mon accent non-Aussie. Dans cette optique, j’ai décidé d’essayer de prononcer des mots en Mandarin, en Cantonais, en Vietnamien, en Finlandais, en Russe, etc.. Vous pardonnerez les erreurs, j’ai toujours l’impression que c’était la meilleure solution au lieu de les prononcer en Québécois ou juste les ignorer.
Sur les coûts de production en voyage:
Alors que les trucs plus sérieux ont été adressés là je peux répondre à la question qui revient tout le temps: comment vous avez fait? En tout et partout nous avons dépensé environ 35$ à 40$ par jour par personne, 2 personnes pendant 1 an avec quelques dépenses additionelles quand venait le temps de tourner un épisode de la série.
C'est fou comment ça coute juste de ...vivre. Si tu calcules le loyer, le téléphone cellulaire, la ligne téléphonique de maison (j'en avait une), l'hydro, le cable, tu réalises que grimpe rapidement et que si tu peux de départir de tout ça et bien vivre sur la route revient moins cher dépendamment du pays. Il y a des sacrifices à faire, c'est sûr.
- Le confort c'est secondaire. Lits à deux étages et chambres super cheap c'est la façon de faire. En plus tu recontres plus de gens. Vous pouvez apprécier la sécurité sur notre tente pour économiser en Islande et à Stockholm.
- Transport en commun. Nous utilisions à peine les taxis et faisions l'effort d'apprendre les trajets d'autobus même dans des villes comme Bangkok que c'est carrément épeurant. C'est sûr que nous n'avons pas eu le choix de prendre des tuk tuks dans quelques villes mais en négociant à chaque fois pour s'approcher du prix local sans être trop difficile on évitait de se faire vider le portefeuille à chaque déplacement.
- De ville en ville il faut prendre les autobus lents ou les billets de train dans la classe inférieure. Les transports de nuit sont aussi bien pratiques pour les trajets de 6 heures et plus; tu dors et tu économises une chambre d'hotel.
- Pas de carte sim. Ça peut sembler effrayant et pas aussi important avec les années qui passent mais nous n'avons pas acheté de carte sim dans aucun des pays. Les auberges couvraient nos besoins internet et je sauvegardais les cartes de la ville pour usage offline ainsi que les articles wikitravel/wikivoyage. Je prenais des cartes en papier et mémorisait le reste chaque matin avant de partir.
En faisant tout ça on pouvait se payer toutes les activités épiques qu'on voulait, on avait des repas généreux chaque jour
(excepté à Stockholm) et on a pas vraiment eu à se retenir sur le nightlife et les sorties (excepté à Stockholm). Les choix.